Dans certaines pathologies cardiaques, il existe un risque non négligeable de troubles du rythme ventriculaires, pouvant engendrer des malaises, syncopes, voire un arrêt cardiaque.
Lors que ce risque est jugé élevé, ou lorsque le patient a déjà présenté de telles complications, nous pouvons envisager l’implantation d’un défibrillateur automatique sous cutané.
Ce dispositif, ressemblant à un pacemaker, est composé d’un petit boîtier contenant des circuits électroniques approvisionnés en énergie par une batterie, et d’une à trois sondes, reliées aux cavités cardiaques.
Son rôle est de surveiller en permanence le rythme cardiaque, de l’analyser, et de détecter des anomalies. Le défibrillateur est capable de stopper les troubles du rythme ventriculaire graves, soit en stimulant le cœur rapidement, technique souvent indolore , voire imperceptible pour le patient, soit en délivrant un choc électrique interne.
Celui-ci peut être ressenti par le patient, assimilé à une petite décharge électrique peu douloureuse. En cas de contact avec une autre personne au moment du choc électrique, cela ne présente aucun danger pour cette personne, même si un léger picotement, ou petite décharge peuvent être perçus.
Souvent le choc électrique est déclenché avant même que le patient ne ressente le trouble du rythme ou ne fasse un malaise.
Comment se déroule l’implantation ?
Sauf cas d'urgence, le patient est en général hospitalisé la veille ou le jour même, de la pose du défibrillateur, et doit se présenter à jeun pour l’intervention. Si vous êtes sous anticoagulant, votre cardiologue vous précisera comment les arrêter ou non avant l’intervention.
L’intervention dure, en moyenne, 45 minutes, et se déroule sous anesthésie locale. Pour éliminer tout risque d’infection, des antibiotiques sont administrés au patient avant l’incision.
Une incision est effectuée sous l’une des deux clavicules. C’est par là que les sondes sont introduites dans une veine, jusque dans les cavités cardiaques.
Une fois fixées, les sondes sont connectées au stimulateur cardiaque qui sera placé sous la peau (plus rarement derrière le muscle pectoral) en-dessous de la clavicule droite ou gauche. L’incision est refermée par des fils (résorbables ou non selon les habitudes de l’opérateur) et un pansement compressif est appliqué contre la loge pendant une journée pour réduire le risque de saignement secondaire.
Après l’intervention
La durée d'hospitalisation est très courte : sauf complication, le patient quitte l’hôpital le lendemain ou le surlendemain de l’intervention. Les fils de la cicatrice sont retirés vers le dixième jour. La cicatrisation prend environ une semaine, surveillée par une infirmière, à domicile si besoin.
Lorsqu’il s’agit seulement de changer le boîtier, l’opération est plus rapide, les sondes, elles, restant en place.
Existe-t-il un risque de complication ?
Les complications possibles de la procédure sont de l’ordre de 5%. Elles sont généralement bénignes et contrôlées.
Le suivi post-implantation
Les documents sont remis au patient, contenant des informations sur le défibrillateur (marque et modèle) et le réglage de l’appareil est vérifié. Il est important de les conserver sur soi, notamment en cas d’hospitalisation, de consultation médicale ou de voyage à l’étranger.
Certaines précautions sont à prendre :
- soudure à l’arc : à éviter au maximum, du fait du risque d’interférence et mauvaise interprétation du stimulateur
- plaques de cuisson à induction : éviter d'en approcher à moins de deux mètres,
- fours à micro-ondes : aucune difficulté vis-à-vis des appareils modernes,
- téléphones portables : éviter de téléphoner de l'oreille du côté du pacemaker, éviter de porter le téléphone dans une poche au contact du boîtier du stimulateur,
- portails antivol des magasins : éviter de s'attarder entre les bornes,
- contrôle des douanes dans les aéroports : signaler le port d'un stimulateur via la carte de porteur de stimulateur,
- examens par IRM : autorisés en dehors des IRM de la zone thoracique, à revoir selon chaque modèle de défibrillateur.
Le premier contrôle est effectué entre 1 et 3 mois, il permet de vérifier la bonne cicatrisation et d’affiner le réglage du stimulateur en fonction des premières sensations du patient. Cela est réalisé à l’aide d’un ordinateur spécifique appelé programmateur, qui communique avec le stimulateur à travers la peau, de manière indolore.
Les contrôles suivants sont effectués tous les 6 à 12 mois, selon les besoins cliniques. Certains stimulateurs permettent un suivi à distance à l’aide d’un boîtier dédié. La durée de la vie de la batterie est d’environ 7-8 ans au minimum avec les modèles actuels, allant souvent jusqu’à 10 ans, et il faudra alors procéder à une nouvelle intervention pour remplacer le stimulateur (la batterie ne se recharge pas ; en revanche les sondes seront conservées).